Si, par le passé, le jardinage était généralement réservé aux gens de la campagne bénéficiant de grands espaces, aujourd’hui, la situation en est tout autre. C’est que depuis quelques années maintenant – et encore plus depuis le début de la pandémie –, on observe un intérêt grandissant pour l’agriculture urbaine. Qu’elle soit de pratique commerciale, communautaire ou privée, cette tendance permet de créer une agriculture de proximité grâce à la production locale d’aliments frais.
Le désir d’autosuffisance gagnait déjà en popularité depuis quelque temps, mais c’est l’arrivée de la pandémie qui a créé une ascension fulgurante de l’engouement pour le jardinage et l’agriculture urbaine. «La proximité, manger local, [tout ça] était déjà à la hausse. Avec la pandémie, ça s’est beaucoup amplifié», constate Ancolie Séguin.
L’accès à des aliments frais et de qualité fait aussi partie des motivations à développer son pouce vert. «Le goût d’une tomate d’épicerie et le goût d’une tomate qu’on a fait pousser soi-même, c’est complètement différent», ajoute Simon Paquet.
Créer un contact avec la nature
L’agriculture urbaine permet d’autant plus de créer un lien de proximité avec la nature. «C’est un retour aux sources, dans le sens de réussir à faire pousser quelque chose de frais et de disponible chez nous», mentionne M. Paquet. C’est aussi l’occasion de se réapproprier son espace extérieur tout en étant reconnaissant de ce que la nature a à nous offrir. «Il y a la fierté là-dedans de voir tout ça pousser. […] Ça donne un sens à tes efforts à être dehors et à embellir ta cour», ajoute Ancolie Séguin.
Cette tendance est là pour rester, selon les deux experts, qui expliquent qu’une fois que l’on goûte aux fruits de notre travail, la passion pour le jardinage ne se dissipe pas facilement. «Quelqu’un qui commence à produire ses légumes et qui y goûte ne voudra plus revenir en arrière. Chaque année, il va au moins reproduire la petite chose qu’il a fait [pousser], et habituellement, ça devient exponentiel», explique le chargé de projet.
De plus, nombreux sont les bienfaits de l’agriculture urbaine pour l’environnement. La réduction des îlots de chaleur, l’amélioration de la qualité de l’air et le maintien de la biodiversité n’en sont que quelques exemples. D’ailleurs, selon Mme Séguin, c’est ce qui pousse de plus en plus de gens à devenir des jardiniers urbains. «Je pense qu’il y a un désir de diminuer son impact environnemental, de faire une différence. Réduire son empreinte écologique, ça a du sens pour bien des gens», indique-t-elle.
«Être témoin du début à la fin de ce processus-là [de jardinage], c’est quelque chose de très gratifiant et de valorisant pour les gens qui sont souvent connectés et devant leur écran.»
– Ancolie Séguin
Cultiver tout en beauté
Une chose que l’agriculture urbaine a changée du point de vue du jardinage, c’est le mariage entre l’esthétique et le comestible, changement qui est notamment attribuable aux potagers en façade. «Je pense que le tournant qu’on voit en ce moment en agriculture urbaine est là», estime Mme Séguin, qui confie qu’au moins 90% des projets de ses clients contiennent des végétaux comestibles.
«On voit vraiment un gros changement dans le mouvement [de l’agriculture urbaine]. Si on recule à il y a dix ans, c’était plus difficile de convaincre nos clients en ville de planter un arbre fruitier dans leur cour. Les gens avaient vraiment une grosse réticence.» Simon Paquet renchérit: « Avec l’agriculture urbaine, les gens sont prêts à faire l’effort et à l’essayer.»
Ce changement s’observe aussi dans les aménagements paysagers devant les bâtiments municipaux et leurs espaces verts. «On commence à voir de plus en plus de végétaux comme des pommiers ou des pruniers dans les parcs. Ça pourrait compléter l’agriculture urbaine à la maison», souligne-t-il.
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