Si l’arrivée des températures plus fraîches rend difficile, voire impossible la culture de plusieurs plantes potagères, elle n’annonce en rien la fin du plaisir pour les jardiniers. Voici donc sur quels spécimens et techniques horticoles miser pour profiter des récoltes avant et après les premières gelées.
Une fois les légumes d’été récoltés, il reste beaucoup de choses que l’on peut faire pour profiter du potager encore quelques semaines. Apprenez ici comment faire des semis de fin de saison, amener vos légumes à maturité et fermer le potager.
Planter des semis en fin de saison
Pour le commun des mortels, la saison des semis est associée à la nature qui se réveille, au printemps. Pourtant, la fin de l’été est favorable à la croissance de plusieurs plantes potagères à maturation rapide qui supportent moins bien les températures plus chaudes.
Lorsqu’on y réfléchit, semer en fin de saison comporte de nombreux avantages. D’abord, pour des raisons pratiques et esthétiques, l’espace laissé vacant par les plantes potagères ayant terminé leur cycle de croissance ne demande qu’à être comblé. En effet, en plus de créer un déséquilibre sur le plan visuel, les «trous» qui apparaissent dans le potager au fil de la saison seront rapidement comblés par les mauvaises herbes.
Ensuite, le sol est encore chaud, ce qui facilite et accélère la germination des semences, alors que les canicules qui font la vie dure à de nombreuses plantes potagères se font de plus en plus rares. Enfin, le fait que bon nombre d’insectes ont terminé leur cycle de vie diminue largement les risques d’infestation.
Pour toutes ces raisons, les jardiniers soucieux de rentabiliser chaque parcelle de leur potager se rendent rapidement à l’évidence: il n’y a que de bonnes raisons de s’adonner au jardinage en fin de saison!
Marie-Michèle Doyon, cofondatrice d’un forum consacré à l’autosuffisance, met elle-même en pratique ce principe. Elle nous confie qu’elle a atteint l’autosuffisance en oignons de Sainte-Anne en replantant ses bulbes récoltés plus tard en saison. Elle sème l’oignon au printemps, le cueille à la Saint-Jean-Baptiste (en juin), en consomme une partie, puis laisse sécher le reste au soleil.
La fin de l’été venue, elle divise et replante les bulbes séchés à la fête de Sainte-Anne, le 26 juillet. Cela permet à l’oignon de continuer sa croissance, et même de refaire des bulbes. «On a encore de l’oignon de Sainte-Anne de l’année passée!», nous dit-elle.
Les légumes à maturation rapide
Si certains légumes, plus particulièrement les légumes-fruits comme les tomates et les poivrons, ont une croissance relativement lente, d’autres ont la particularité de croître très rapidement. Ainsi, il est tout à fait réaliste de planter certains semis tard dans la saison pour profiter d’une récolte avant l’arrivée des grands froids.
Les légumes-feuilles, comme la laitue, le chou frisé (kale), les épinards, le mesclun, la roquette et le bok choy, sauront aisément résister aux nuits plus fraîches. De leur côté, certains légumes-racines, comme les radis d’hiver (daïkon, radis melon, etc.), le navet et la carotte, peuvent être semés du milieu de l’été jusqu’à la fin de la saison. Enfin, pensez aussi aux variétés de pois hâtives et aux fines herbes à croissance très rapide comme la coriandre, l’aneth et le cerfeuil.
Amender le sol une seconde fois
Attention! Avant de donner une deuxième vie à notre potager, il importe d’enrichir le sol à nouveau, puisque les plants matures déjà en place auront épuisé en grande partie les ressources qu’il contient. Cela dit, il n’est pas nécessaire d’ajouter autant d’amendements au potager en fin de saison qu’en début de saison, puisque les légumes qui conviennent au potager automnal ne sont pas aussi gourmands en matière de nutriments que les légumes-fruits, par exemple.
Puisqu’ils sont très riches, le compost maison et le vermicompost sont à privilégier, mais le compost marin, le compost de crevettes et le compost de mouton représentent aussi de bons choix. Qui plus est, il peut être intéressant d’ajouter une bonne poignée de granules de fumier de poule à la terre au moment de semer le potager automnal. Par la suite, on peut également utiliser un engrais foliaire comme des algues liquides une fois par semaine.
Bon à savoir!
Le sarrasin enrichit le sol
Contrairement à la croyance populaire, le sarrasin (Fagopyrum esculentum) n’est pas une céréale, mais bien une plante de la famille des polygonacées, à l’instar de la rhubarbe et de l’oseille. Ces dernières années, l’engouement pour l’autosuffisance alimentaire et les jardins verts a fait monter en flèche le nombre de jardiniers qui s’adonnent à la culture du sarrasin.
La raison? Alors que la majorité des plantes potagères appauvrissent le sol au fil de leur croissance, le sarrasin, lui, enrichit ce dernier en magnésium, en azote et en calcium, des nutriments dont les plantes potagères ont grandement besoin.
Ainsi, semer du sarrasin au printemps pour le récolter à la fin juin permet d’une part de profiter d’une récolte de sarrasin et, d’autre part, de bénéficier d’un sol très riche et prêt à accueillir de nouveaux semis par la suite. Voilà donc un engrais vert à considérer pour étirer la saison du jardinage sans avoir à amender le sol une seconde fois!
L’ail, un légume à planter l’automne
L’ail fait partie des légumes que l’on doit planter à l’automne pour ensuite les récolter l’été suivant. On plante des gousses d’ail entre la fin août et la mi-octobre, de sorte que les bulbes puissent croître dans un sol frais, mais non gelé, pour une période de 4 à 6 semaines.
Pour cultiver l’ail sous notre climat, il faut se tourner vers les bulbes d’ail prêts à planter, lesquels sont vendus dans la plupart des pépinières et des jardineries. En effet, l’ail que l’on trouve dans les supermarchés n’est que très rarement adapté à notre climat, en plus d’avoir souvent subi un traitement qui empêche sa germination.
Après avoir planté l’ail, il importe de couvrir le sol d’une couche de paillis de 10 cm (4 po). On évitera toutefois le paillis de cèdre, non recommandé pour les potagers.
Au printemps suivant, vous verrez apparaître de longues feuilles vertes. Puis, vers la fin juin, une tige florale émergera : il s’agit de la fleur d’ail. Pour favoriser la croissance des bulbes, vous devrez la couper lorsqu’elle aura fait environ deux tours sur elle-même, après quoi elle se redressera et deviendra coriace.
En cuisine, la fleur d’ail s’utilise comme les gousses, mais son goût est moins prononcé, et elle est plus facile à digérer que les gousses d’ail. Elle se congèle dans des bacs à glaçons, à condition qu’elle soit hachée, puis recouverte d’huile végétale ou d’eau.
Enfin, au début du mois d’août, lorsque les feuilles commencent à s’assécher, vous pouvez récolter vos bulbes d’ail, puis les faire sécher dans un endroit chaud et aéré. Cette étape très importante permet de prolonger la durée de conservation de vos bulbes.
Prenez alors soin de conserver vos bulbes les plus prometteurs, c’est-à-dire ceux de grande dimension et exempts de maladies, pour les replanter en prévision de la récolte de l’année suivante. De cette façon, vous vous assurerez de pouvoir profiter d’ail frais année après année!
Laisser un commentaire